jeudi, novembre 21, 2024

Les MOOCs: un enjeu majeur pour les systèmes éducatifs

Nous assistons
actuellement au développement des MOOCs (Massive Open Online Course) : des
cours en ligne gratuits et disponibles à toutes les personnes ayant accès à
internet. Ce terme est apparu pour la première fois en 2011 dans le cadre d’un
cours sur l’intelligence artificiel à Stanford. Son inventeur, Sébastien Thrun,
rencontra un franc succès puisqu’un peu plus de 150 000 étudiants suivirent ce
cours en ligne. Par la suite, le concept s’est vu revisité par deux
enseignants de l’université de Toronto: Stephen Downes et Georges Siemens,
qui proposèrent de basculer leur cours « CCKO8 : Connectivism and
connective knowledge » sur internet. Et encore une fois, l’observation fut
marquante : 2300 personnes venant des 4 coins du monde avaient suivi au
moins une partie du cours. Cette expérience, qui n’était au départ que locale,
est aujourd’hui devenue un phénomène mondial – promettant un changement majeur
dans l’enseignement avec une pédagogie participative en virtuel dans les cursus
d’enseignement.
Ces types de
cours sont une nouveauté sur plusieurs points. Tout d’abord, il dispense de la
nécessité des étudiants de se déplacer pour suivre un cours tout en palliant
aussi le problème de disponibilité des enseignants, qui constitue une ressource
élémentaire. De manière plus générale, ces cours constituent un avantage en
terme d’organisation. Les horaires ne sont plus problématiques puisque
l’étudiant peut choisir l’heure qui lui convient le mieux pour suivre le cours
choisi.  Aussi, ces MOOCs ont l’avantage
d’être gratuits. Face à des systèmes éducatifs extrêmement onéreux –  comme aux
Etats Unis ou un grand nombre d’étudiants sont endettés – les MOOCs permettent
de faire des économies considérables tout en réduisant l’effectif des classes
et le nombre de personnes sur les campus.  Cet aspect est aussi considéré en Europe et
particulièrement en France, où le système universitaire, bien que moins élevé
qu’aux Etats Unis, coûte particulièrement cher au gouvernement.  D’autre part, l’aspect social des MOOCs est
très innovant : il permet d’accompagner les étudiants dans leur démarche
pédagogique en mettant à disposition des plateformes collaboratives autour des
thématiques enseignées. Ils entrainent la discussion et facilite l’échange pour
des profiles plus timides. Enfin, les MOOCs facilitent l’accès à l’éducation –
tant pour les jeunes de pays défavorisés que pour des employés au sein
d’entreprises souhaitant développer de nouvelles compétences ou des retraités intéressés
par obtenir des formations dans des domaines spécifiques. La validation des
MOOCs étant de plus en plus certifié par l’obtention d’un diplôme, ces modes
d’enseignement deviennent de plus en répandus et reconnus.
Mais peut-on intégrer des connaissances de
manière aussi qualitative en virtuel qu’avec un professeur en face à face?
Cette transformation de l’éducation est largement controversée. Un double
discours apparaît : d’un côté, les utopistes de l’éducation en ligne soulignent l’opportunité des MOOCs de rendre accessible pour tous des cours de
qualité tels que ceux du MIT ou de
Harvard, et de l’autre les amoureux de l’enseignement présentiel prêt à mettre
tous les moyens en œuvre pour contrer cette tendance et améliorer le système en
incitant les professeurs à s’investir plus dans l’enseignement de leurs élèves
et leur accompagnement.  
Ce phénomène
soulève une réflexion majeure liée à l’important développement des nouvelles
technologies et des réseaux sociaux : intègre-t-on des connaissances
derrière un ordinateur ? Si c’est le cas, quelle est la différence
d’apprentissage des savoirs entre un amphi traditionnel et un cours en ligne
comme les MOOCs ? Les spécialistes de l’économie de la connaissance n’ont
pas encore tiré de conclusion claire sur ce sujet mais des recherches sont
faites régulièrement. Dernièrement, une étude a été menée pour comparer le
niveau d’intégration de connaissance d’un cours traditionnel de physique avec
un MOOC du même sujet.  Les chercheurs
ont notamment comparés les connaissances
des élèves en les évaluant avec un devoir maison constitué de questions
similaires, afin de voir si les deux types d’élèves répondaient de manière
similaire. Les résultats démontraient que les élèves ayant suivi le cours
traditionnel ont eu des résultats aussi bons que les élèves ayant suivi le MOOC.
Mais les matières se prêtent-elles toutes à un enseignement digital ?
   Au delà de cette problématique,
les opportunités de développement des MOOCs sont assez convaincants. Face aux
développement de tous les outils « analytics » et l’utilisation du
big data, nous pourrions imaginer l’évolution des MOOCs en des cours en ligne
personnalisés s’adaptant à chaque étudiant en fonction de leur préférence
d’apprentissage : serious game, QCM, lectures ou cours interactifs.  Cette solution apparaîtrait alors comme une
alternative pédagogique permettant aux élèves en difficulté dans un cours
spécifique de bénéficier d’un MOOC personnalisé facilitant l’apprentissage de
connaissance souhaitée avec une meilleure adaptation dans les techniques
d’enseignement.
Laura Ghebali

À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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