1) La France a bien un coût du travail dans la moyenne haute des pays européens
Le graphique suivant montre le coût du travail horaire en Europe en 2008 (dernière date connue) selon Eurostat. La France est apparaît en tête des pays qui disposent d’une base industrielle forte (Allemagne, UK, Italie). La TVA sociale y a un impact : pour un salaire de l’ordre de 2 SMICs, elle réduit le coût de 5 points, ce qui fait passer le coût français après le coût allemand.
Comme le montre le graphique, ce n’est pas considérable si on le rapporte à l’ensemble du coût, mais l’impact symbolique est là : pour les projets sur lesquels France et Allemagne présentent un écosystème comparable, la France sera désormais préférable à l’Allemagne.
2) Évidemment, la TVA sociale a un effet plus réduit sur la concurrence avec les pays à bas coûts
Si l’on ajoute à la comparaison les pays à bas coûts (graphique ci-après), l’impact de la TVA sociale est beaucoup plus négligeable. En effet,l’écart de compétitivité avec des pays tels que la Chine se réglera avant tout par une convergence des salaires, plus avancée d’ailleurs que beaucoup ne le pensent : le salaire de base d’un ouvrier Foxconn en Chine (qui réalise notamment l’assemblage des I-Phones) est comparable à celui des pays d’Europe de l’Est les moins coûteux.
Si l’on extrapole à horizon 2025 et même 2035 (cf graphique ci-après) l’écart d’évolution des salaires constatée entre Shenzhen et la France, on voit que l’écart de coût devrait se réduire très significativement dans la génération à venir. Autrement dit, nos enfants vont connaître les relocalisations !
3) La compétitivité coût du site France est un enjeu qu’on ne peut écarter
On notera, même après TVA sociale, le taux de prélèvements pesant sur le travail reste en France très élevé (ce qui est en partie compensé par des salaires plus bas). Et c’est bien cela qui est visé par une baisse des cotisations : ramener notre taux très élevé de cotisations employeurs à un niveau plus proche de la moyenne des pays comparables.
Car le problème est bien là : des prélèvements qui pèsent en France plus sur le travail que la moyenne des pays comparables. Avec un double effet :
une distorsion défavorable à l’activité (le coût du travail étant l’une des plus mauvaises assiettes pour faire porter des prélèvements, en raison des effets sur le chômage, notamment pour les bas salaires)
une perte de compétitivité. Pour la plupart de ses activités/produits, la France est en concurrence avec des pays comparables, et les augmentations de coûts se traduisent par moins d’activité dans les secteurs en concurrence. Et parmi ces coûts, les salaires, les taxes et la simplicité de l’environnement réglementaire (lourdeur et prévisibilité des règles notamment fiscales ou sociale) sont les plus regardés, car ils sont à la fois les plus visibles, et ceux dont les investisseurs savent qu’ils sont les plus susceptibles d’évoluer d’un pays à l’autre.
En revanche, il est également vrai que la compétitivité hors coûts joue également, notamment dans les secteurs innovants, ou ceux qui peuvent éviter la concurrence frontale sur les coûts, notamment parce qu’ils sont capitalistiques (dans une partie de l’industrie, le coût du travail n’est pas le premier facteur de coût), ou parce qu’ils reposent sur de la propriété intellectuelle ou un savoir-faire difficile à dupliquer (cf graphique ci-dessous).