La plupart des pays du G20 ont présenté des plans de relance, ou s’apprêtent à le faire.
Pourquoi faire un plan de relance ?
Actuellement l’activité se réduit, c’est à dire que parce le système financier a ralenti, mais sans doute également parce que certains anticipent un ralentissement, les entreprises investissent moins, les ménages consomment moins et les exportateurs exportent moins vers les entreprises et les consommateurs étrangers. La conséquence est une réduction d’activité, avec ses conséquences en termes de hausse du chômage. Autrement dit, des personnes qui auraient pu produire (et disposer d’un revenu en contrepartie) risquent de se trouver sans activité. C’est une perte sèche, car le temps perdu ne se rattrape pas. Or, du point de vue du pays, il y a des tas de choses utiles à faire que pourraient réaliser les personnes concernées, directement ou indirectement (ie, elles travaillent pour satisfaire les besoins de personnes qui réalisent un projet utile à la collectivité).
C’est précisément l’objet du plan de relance : l’activité privée faiblissant, un plan de relance permet à l’activité publique de prendre temporairement le relais, et ceci afin de limiter les effets du ralentissement économique. En général, ces plans de relance vont augmenter la dette publique (ou ralentir le rythme de sa réduction). Cette dette, il faudra la rembourser un jour (où en payer éternellement les intérêts, ce qui revient au même) : tout l’enjeu est donc de faire un plan conçu de telle façon que les citoyens présents soient gagnants (ce qui est la partie la plus simple, car ils vont bénéficier des revenus liés aux décisions du plan) sans que les citoyens futurs soient perdants (ils vont payer la dette, et doivent donc bénéficier des éventuels bénéfices du plan de relance).
Comment faire un bon plan de relance ?
On attend donc deux choses d’un plan de relance :
– qu’il relance l’activité, c’est à dire que l’argent public investi génère le plus d’activité possible sur le sol national
– qu’il ne spolie pas les générations futures, c’est à dire qu’elles aient un bilan positif, entre la dette supplémentaire qu’elles devront acquitter et les éventuels bénéfices qu’elles retireront du plan.
Sur le premier point, il faut privilégier des dépenses d’effet rapide : lancer ou avancer des projets qui peuvent donner lier à des travaux immédiats, ou donner du revenu à des personnes susceptibles de le consommer immédiatement.
On notera cependant que, compte tenu du taux d’importation que génère un euro de revenu distribué aux ménages, les dépenses de consommation risquent d’être moins efficaces, surtout si elles ne sont pas ciblées. Par exemple, si le plan de relance consiste en un chèque distribué aux ménages, certains vont acheter une télévision à écran plat – qui ne produit qu’une fraction d’activité en France. L’effet sera ainsi dilué, et, plus généralement, il en ira de même pour d’autres dépenses de consommation. Au-delà de l’analyse macroéconomique théorique, les mesures larges de ce type doivent donc poser la question suivante : est-il dans le rôle de l’Etat de financer l’équipement en matériel hi-fi dont nos enfants payeront le prix à crédit, ou doit-il centrer son action sur l’aide à ceux qui vont être le plus touchés par le ralentissement économique ?
Certes, la tentation est évidemment grande de réaliser des « grands plans de consommation » (certains proposent de distribuer des chéques payés par l’Etat…), mais cette idée n’a pas grand sens économique, sans parler de son sens politique (un humoriste anglais ironisait sur la vision de la politique consistant à « acheter les voix des électeurs avec l’argent de leurs propres impôts »). De plus, elle se heurterait, comme tous les plans qui ont trop reposé sur ce levier, au fait que la France est un pays ouvert (ce qui dilue toute relance par la consommation). Notons enfin que les dépenses d’investissement vont se transformer fortement en revenus dans les secteurs concernés, et donc servir également le pouvoir d’achat…
Sur le second point, le bilan pour les générations futures du plan de relance va dépendre essentiellement de deux facteurs. Premier facteur, le fait que le plan de relance évite des « irréversibilités » (faillites, pertes de qualification,…) dont le coût aurait, s’il n’avait pas été évité, pesé sur les générations futures. Second facteur, le fait que les dépenses du plan produisent des bénéfices ou évitent des dépenses aux générations futures : c’est notamment le cas s’il s’agit d’accélération ou d’anticipation d’investissements utiles pour l’avenir.
Faut-il vraiment, comme l’ont plaidé certains, avoir des « dépenses réellement nouvelles » ? Aller dans ce sens revient à souhaiter que l’on aille chercher des projets qui n’existaient pas, donc forcément moins intéressants et plus long à mettre en oeuvre (il faut parfois plusieurs années). L’intérêt ne va pas de soi…
Au total, le plan qui a été annoncé peut (et doit !) être débattu. Mais certains des arguments qui lui sont opposés ne résistent tout simplement pas à une analyse sérieuse.