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La démocratie est-elle en déclin où à l’aube d’un renouveau ?

Paru dans Les Echos du 12/12/2013

L’éclosion de micro-partis, symptôme ou solution ?

 « Nous-Citoyens» de Denis Payre, la Nouvelle Donne de Pierre Larrouturou, l’Europe Populaire de Cyril Castro et tant d’autres moins visibles. Toutes ces initiatives expriment une certaine sincérité, doublée une défiance radicale devant l’offre politique traditionnelle. Pour tous ces téméraires, influencer les partis ne sert plus à rien. Ils ne les croient plus capables de remises en question drastiques au moment où le pays s’apprête à entrer dans les grands craquements.


Ces entrepreneurs de la politique comptent moins par leur poids électoral que par leur fougue, leurs idées en rupture, riches d’espérances. Là où le schéma étonne, c’est quand, reproduisant les travers des grands partis, certaines de ces initiatives basent leur légitimité sur des noms connus ou des rapports d’experts. A tous ces courageux propulsés hors du néant par nos colères et nos frustrations, nous avons envie de dire de cesser le délire qui consiste à vouloir gouverner sans donner de grand rôle au peuple. On ne garde pas son conjoint si on ne lui offre pas de grand rôle dans notre vie. La fille se barre ! La social-démocratie sans peuple, ça ne marche plus ; cette divagation se termine à 15% des français, taille du dernier carré de ceux qui vivent directement du clientélisme. 

Rendre aux français trois pouvoirs essentiels

Toutes ces initiatives ne réussiront que si elles rendent au peuple français trois pouvoirs essentiels. Trois pouvoirs qu’il doit exercer lui-même, et dont l’absence génère les frustrations et les tensions que nous connait la France d’aujourd’hui :

  • LE POUVOIR DE SAVOIR. Le citoyen ne sait plus la gravité réelle de l’état du pays, et les choix réels qui s’offrent. La compréhension est confisquée par des experts qui décrètent plus qu’ils n’expliquent. Si chacun dans son domaine est l’ »initié » de quelque chose, mais rares ceux qui ont la vision d’ensemble – et ils s’accommodent souvent fort bien du manque de transparence. La communication politique que personne ne croit doit être remplacée par une meilleure information sur les grands enjeux. Dans le domaine des conséquences à long termes, c’est ce que fait l’observatoire du long terme. Sur d’autres horizons, et d’autres sujets, d’autres doivent prendre la parole !
  • LE POUVOIR DE CHOISIR. L’irruption de ces partis nouveaux brise le monopole des partis installés qui contraignent les électeurs, lorsque les choix présentés ne leur inspirent plus confiance, à voter de manière négative ou extrême. Nous devons grâce à l’élargissement de l’offre sortir peu à peu de ce soviétisme qui mène à la révolte haineuse. Les combats politiques doivent servir des causes et des projets, et non l’accès à un poste par le fait de l’alternance automatique. Pour cela, il faut briser le monopole de la représentation et l’ouvrir plus largement. Il faut également les bilans de mandat soient des exercices factuels sans complaisance, plutôt qu’une autopromotion.
  • LE POUVOIR DE FAIRE SOI-MÊME. Le premier des maux dont nous souffrons, c’est la centralisation. Les Français en sont complices chaque fois qu’ils demandent à l’Etat de régler leurs difficultés, plutôt que d’exiger qu’on leur les moyens de faire eux-mêmes. Le monde entier le fait : la Chine a donné plus de pouvoir à ses régions, les multinationales, aux entités opérationnelles par rapport aux sièges, et même le pape évoque une « décentralisation salutaire ». Or sans attendre une hypothétique loi de décentralisation radicale, chacun peut s’engager dans son entreprise, une association existante ou en créant une si celles qui existent ne conviennent pas !

Soyez entrepreneurs politiques !

La multiplication des micro-partis va dans le sens de rendre aux français ces trois pouvoirs: savoir, choisir et faire ! Et plutôt que d’être les témoins béats de ce mouvement, chacun d’entre nous peut en être entrepreneurs en faisant savoir la part de vérité sur ce qui ne va pas, en encourageant les candidats porteurs d’une réelle cause aux résultats tangibles, et en s’engageant avec joie, là où il peut être utile.

Alexandre Jardin en association avec l’Observatoire du Long Terme

À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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