En 1997, Thomas Piketty estimait à 2,8 millions les emplois perdus par l’effet conjoint du salaire minimum et des cotisations sociales. Les cotisations ont depuis été réduites et le débat sur le Smic est moins vif. Pourtant, le salaire minimum reste un moyen peu efficace de soutenir les revenus modestes: il pèse sur le pouvoir d’achat de ceux que son niveau exclut de l’emploi – ils sont plus de 1 million en France. Il laisse de côté 1,3 million d’indépendants et d’autoentrepreneurs qui gagnent moins que le Smic. Il fait peser le coût de la solidarité vers les revenus modestes sur les entreprises employant ces salariés plutôt que sur l’ensemble des entreprises.
Le revenu universel consistant à donner l’équivalent du RSA à tous, sans condition, est une belle idée, mais son financement n’est pas maîtrisé. Sa mise en place coûterait 150 milliards d’euros. Par ailleurs, il instaure un « droit à la paresse » en accordant un revenu sans condition d’activité.
Pour ceux qui entreprennent une activité salariée ou non
Plus novateur est le revenu universel d’activité (RUA). Réservé à ceux qui exercent une activité salariée ou non, il procure un complément de revenu à ceux dont le revenu est inférieur au Smic horaire et aussi à 1500 euros par mois. Pour inciter à des activités ayant une valeur ajoutée suffisante, il est ciblé sur les revenus supérieurs à 50% du Smic horaire. Son coût serait financé par son effet sur la hausse de l’activité. Le salaire minimum évoluerait par le jeu de l’indexation vers un niveau moins défavorable à l’emploi, le complément étant apporté par le RUA.
Nous aurions ainsi un système garantissant un revenu équivalent aux salariés au SMIC, sans exclure de l’emploi les salariés les moins qualifiés et les indépendants. A l’heure où la frontière entre salariés, indépendants et « indépendants dépendants » d’une plateforme numérique devient floue, c’est vers ce type d’outil qu’il faut se tourner…