samedi, novembre 1, 2025

Comment sauver le service public de la dérosion ?

L’Observatoire du Long Terme présente ce jeudi 18 septembre un nouveau rapport, consacré à une question essentielle : dans un contexte où les moyens publics seront durablement contraints et alors que beaucoup de services publics connaissent des difficultés, comment éviter la dispersion de ces moyens et les utiliser au mieux. Vous pouvez retrouver le rapport ici en format PDF, et il est disponible au format broché livré à domicile ici.

Les dépenses publiques représentent près de 60 % de la richesse nationale française, et même 66 % si l’on y ajoute le coût lié à la complexité pesant sur les entreprises et les ménages. Pourtant, malgré ce niveau élevé de dépenses, la qualité des services publics se dégrade depuis vingt ans.

Ce rapport a cherché à analyser les raisons de ce paradoxe. Il révèle une chaîne de conception et de mise en œuvre des politiques publiques défaillante à chaque maillon. Il en résulte notamment une prolifération normative, un pilotage par les moyens plutôt que par les résultats, des cloisonnements multiples et de nombreuses opportunités d’amélioration ratées. C’est le phénomène de « dérosion » : dilution des moyens (ils augmentent moins vite que les nouvelles idées pour les employer) et érosion de la qualité des services publics. La faiblesse de l’évaluation de la valeur de ces services, une des causes du problème, n’arrive plus à cacher l’ampleur de cette dérosion.

Les conséquences pèsent lourdement sur tous les Français, qui éprouvent un sentiment de gaspillage de l’argent public, assistent au creusement des inégalités territoriales et sociales, et subissent une hausse incontrôlée des coûts de complexité, bien supérieure à celle de la richesse nationale. La dérosion touche aussi les agents du service public, aux prises avec des conditions de travail dégradées et un fossé grandissant entre les ambitions affichées et les ressources allouées. Leur démotivation augmente à mesure que la réalité des politiques publiques s’éloigne de l’idéal à l’origine de leur engagement dans le service public. 

Face à cette crise de système, les mesures comptables ou les annonces en fanfare ne suffisent plus. Il faut changer de méthode et repenser de fond en comble la conception, le pilotage et l’évaluation des politiques et des services publics. Comme nous le montrons, d’autres pays que nous ont rencontré chacun des problèmes qui touchent la chaîne de conception et de mise en œuvre des politiques publiques. Ils ont identifié des méthodes qui fonctionnent, radicalement différentes des injonctions généralement entendues sur ces sujets. Celles-ci sont en effet marquées par la focalisation sur les coûts (en ignorant la question principale, qui est celle du rapport valeur/coût), la tyrannie du court terme (alors que l’impact de la plupart des décisions ne se mesure pas avant plusieurs années) ou des formes de déresponsabilisation à l’exact opposé des méthodes modernes d’efficacité opérationnelle.

Le rapport propose de changer de méthode en formulant 18 propositions concrètes, fondées sur une étude approfondie des causes de la dérosion des services publics. Ce travail s’appuie sur une grande variété de sources et de travaux, des analyses de 150 ans de finances publiques en France, des entretiens avec des experts de toutes les fonctions publiques, des comparaisons internationales, des études de cas et un examen des blocages humains, institutionnels et politiques qui brident l’impact des politiques publiques. En somme, il s’agit d’un travail de référence, accessible à ceux qui s’intéressent à l’avenir des services publics et à leur efficacité : responsables, usagers ou contribuables.

À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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2 Commentaires

  1. Je ne connais pas grand chose à la politique et à l économie mais j aimerais savoir pourquoi nous sommes champions de la complexité administrative et qu on se plaint qu il y ait autant d escroquerie et d evasion fiscal ? Cela me semble antinomique.
    Est ce que ce n est pas un moyen d encourager un certain type d escroquerie, de  » vol légal » dont certaines personnes qu on estimerait plus égales que d autres pourraient bénéficier ? Ceci est une question, pas une accusation.
    Oris

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