Faut-il chercher ses clefs égarées en pleine nuit sous le réverbère, où la lumière facilite la recherche,
ou explorer toutes les directions au risque de devoir tâtonner un peu ?
Premier exemple, les politiques d’innovations. A juste titre, la figure de l’entrepreneur est au
centre des débats. Moins celle de son cousin germain, « l’intrapreneur », qui transforme une
idée en projet à l’intérieur d’une entreprise existante. Et pourtant, dans de nombreux secteurs,
la réussite de la France repose sur le second plus que le premier, tel que celui des technologies
vertes « industrielles », nécessitant des milliards d’investissements et la masse critique mondiale
d’une grande entreprise. De même, la compétitivité du modèle industriel « fabs, labs and advices »,
repose sur la combinaison d’innovations technologiques, de procédé et de services propres aux
offres des grandes entreprises. Impossibles sans intrapreneurs, ces innovations constituent la seule
alternative au modèle « fabless » d’entreprises industrielles à la production délocalisée dans les pays
à faibles coûts. C’est enfin à des intrapreneurs que l’on doit de nombreuses innovations telles que le
monospace, le transistor ou les post-it.
Et pourtant, quelle reconnaissance pour l’intrapreneur ? Récompensé par son employeur s’il
découvre un vaccin contre la malaria, il sera plus taxé que celui qui revend un site érotique. Et
les propositions telles de recentrage du crédit-impôt recherche sur les entreprises nouvelles
entraineraient l’exil d’une partie d’entre eux.
Deuxième exemple, le financement des entreprises. La situation est grave : avant la crise, la somme
des prêts aux entreprises de la zone euro augmentait de 600 milliards d’euros par an. Désormais, les
nouveaux prêts ne font que compenser ceux arrivés à échéance. Les entreprises d’Europe ont ainsi
perdu 600 milliards de nouveaux financements, soit l’équivalent de l’ensemble des dépenses de R&D
en Europe, privées ou publiques, ou trois fois le PIB Grec. De la même façon, les levées de capital
investissement ont été divisées par 4, et les introductions en bourse par plus de trois.
Or l’affacturage, c’est-à-dire le financement des factures, qui permet aux entreprises de recevoir
immédiatement les fonds d’une facture payable à terme, est l’une des seules sources de financement
à croître malgré la crise, de plus de 17 % entre 2008 et 2010. Peu visible dans les débats sur le
financement, il représente désormais un volume comparable aux levées de fonds du capital
investissement ou aux introductions en bourses. Une entreprise en difficulté peut en bénéficier si elle
dispose de clients solvables. Les TPE, soit la majorité des 3 millions d’entreprises en France, peuvent
en bénéficier sans formalités excessives, alors que moins de 100.000 bénéficient des outils publics de
financements des PME.
Pour accélérer l’affacturage, il ne faut pas chercher loin le client qui représente à la fois le risque
– et donc le coût de financement – le plus faible et qui pourrait proposer au plus grand volume de
fournisseurs un paiement accéléré de ses factures : c’est le secteur public. Ses achats représentant
plusieurs dizaines de milliards par an, l’apport de financement aux entreprises serait significatif,
même si seule une minorité des fournisseurs publics y recourraient. Contrairement à d’autres
mesures d’appui au financement, proposer l‘option pour le Paiement Immédiat de l’Etat (PILE) ne
coûterait rien au contribuable. Elle serait accessible simplement pour les entreprises, et relativement
rapide à mettre en œuvre, indépendamment des évolutions engagées pour faire évoluer les
paiements publics, qu’elle pourrait également accompagner.
Merci pour ce post très instructif pour un "amateur" comme moi en économie. Il faut dire que le sujet n'était déjà pas évident auparavant, alors maintenant avec la crise… Difficile de savoir pour le petit particulier comment protéger ses quelques économies. Les Options ? Peut-être !