(article publié par Alternatives Economiques)
L’ANPE enregistrat une baisse de 125 000 chômeurs en 2005 alors que la croissance n’avait été que de 1,2 %, et 110 000 de moins depuis le début de l’année mi 2006, alors que le secteur marchand n’a créé que 60 000 emplois supplémentaires entre mars 2005 et mars 2006. Où sont donc passés les chômeurs disparus ?
La première cause de cette énigme tient aux départs en retraite : alors que la population active a augmenté de 277.000 personnes en 2003, elle n’a progressé que de 119.000 l’an dernier. Pour stabiliser le chômage, il fallait donc créer 158.000 emplois de moins en 2005 qu’en 2003. Pour 2006, l’INSEE prévoit encore 50.000 chômeurs de moins du fait des départs en retraite.
Par ailleurs, l’écart entre le nombre de chômeurs reconnus par l’ANPE et le nombre de ceux qui vivent une situation de chômage (déclarant au BIT être sans emploi et effectuer des démarches pour en trouver un) a progressé spectaculairement, passant de 178.000 personnes en 2001 à 290.000 aujourd’hui. Cet écart, qui reflète notamment le durcissement des conditions d’indemnisations des chômeurs, n’évolue plus au cours des derniers mois. En revanche, la multiplication des convocations à l’ANPE fin 2005 a entraîné une hausse des absences aux convocations, et donc des radiations de chômeurs.
Enfin, la baisse du chômage tient à la relance des emplois aidés ou publics. En 2003, leur nombre baissait de 59.000. Il a progressé de 14.000 en 2005, et il évoluera de 80.000 en 2006 selon la loi de finances, qui y consacre 780 millions d’euros. Un beau « coup d’accordéon » du gouvernement : comprimer massivement les emplois aidés au début du mandat, et les augmenter tout aussi massivement à proximité des échéances électorales…
Au total, à croissance comparable, le chômage progressait de 138.000 en 2003, et diminuait de 125.000 en 2005. Or l’écart est précisément égal à l’effet de la démographie (158.000), des emplois aidés (14.000+59.000), et aux radiations de fin 2005 pour le solde (31.000). Voilà pour l’énigme des chômeurs disparus !
Il reste cependant à faire en sorte que la baisse du chomage gagne en ambition pour attaquer les causes profondes du chômage. Et cela malgré l’effet « papy boom » qui pourrait inciter les pouvoirs publics à relâcher leur effort.