Que s’est-il passé exactement ?
Les Echos publient une note d’explication de la Société Générale qui décrit les faits et kleur enchainement.
Comment une personne isolée a-t-elle pu jouer en bourse un montant peut-être supérieur (certains parlent de 40 mds) à la valeur de la SG ?
Cette opération n’entre évidemment pas dans le cadre d’un fonctionnement normal, et n’a pu intervenir que grâce à des falsifications dans le système de suivi et de limitation des risques. Schématiquement, une banque peut faire des « paris » énormes, dès lors que ces « paris » sont compensés par des paris inverses – de telle sorte que si la banque perd d’un coté, elle gagne de l’autre. Le système de contrôle des risques d’une banque est conçu pour s’assurer de ceci. Le problème à la SG semble avoir été que le trader aurait introduit dans le système de « faux paris » qui donnaient (à tort) l’impression que les positions qu’il prenait sur le marché étaient compensées. Ce qui n’était pas le cas.
Reste que la justice devra préciser les responsabilités du trader, de sa hiérarchie au vu des éléments qui figureront dans le dossier (les contrôles internes étaient-ils assez solides ? les procédures en matière de séparation des activités de trading et de contrôle ou de modification des autorisations d’accès des salariés chargés du contrôle lorsqu’ils rejoignent le trading (ce qui a été le cas de la personne concernée) assez robustes ? A ce stade le « trader isolé » bénéfice de la présomption d’innocence…
Est-il normal qu’un jeune de 31 ans puisse jouer avec des milliards ?
Dans le cas de la SG, il semble que le montant des positions traitées par le trader soient liées à des falsifications comptables. Mais d’une façon plus générale, l’industrie de la finance, qui vise à faciliter l’intermédiation entre ceux qui ont de l’argent à placer, et ceux qui en ont besoin, suppose de faire passer, d’une façon ou d’une autre, beaucoup d’argent par peu de personnes.
Les clients de la société générale sont-ils menacés ?
Non : la perte sera imputée aux actionnaires (essentiellement via une forte réduction des bénéfices, qui se traduira sur le prix de l’action). La banque ayant reconstitué ses fonds propres en faisant appel au marché, la solidité de la banque n’est pas menacée (et d’ailleurs, si elle l’était, il existe en France un système de garantie des dépôts qui protégent l’épargne des clients jusqu’à un plafond de 70.000 euros par personne).
La banque aurait-elle du prendre plus de temps pour solder le problème ?
Certains ont plaidé cette idée. J’ai des doutes dans la mesure où la fraude a certainement eu pour conséquence de porter l’exposition au risque de la Société Générale au-delà de ce qui lui était possible : dès lors, la seule possibilité était de négocier avec le régulateur un délai de retour à la normale, qui ne pouvait certainement pas s’éterniser. Que ce retour rapide à la normale coûte à la banque n’est pas le soucis du régulateur, dès lors que ce coût ne remet pas en cause la pérennité de la banque : raisonner autrement reviendrait à accepter qu’une banque mette en risque sa solvabilité (et il y a des façon profitables de le faire) en sachant qu’elle pourra toujours négocier une façon « peu coûteuse » de revenir à la normale.