Dans un court article paru à l’été dernier dans la Harvard Business Review, Mansour Javidan présente un schéma intéressant, qui fait apparaître une corrélation assez nette entre la capacité des nations à se projeter dans l’avenir et leur compétitivité :

La France s’y distingue par une compétitivité relativement forte, mais une capacité faible à se projeter dans l’avenir. Et effectivement, plusieurs études montrent que l’avenir inquiete plus qu’il ne fait rêver. Dans le même temps, le succès considérable de livres consacrés à l’avenir semble indiquer que ces angoisses sont plus un problème d’offre que de demande : on ne parle plus assez aux français de leur avenir.

Jusqu’en 1993, date de la fin du dernier plan français, la France avait un rendez-vous institutionnel avec l’avenir. La construction des Plans conduisant à animer un débat sur l’avenir, et à présenter un débat sur les différents scénarios possibles. Elle se poursuivait par des objectifs qui se sont avérés difficiles au fur et à mesure que la volonté d’administrer l’économie s’affaiblissait.

La France n’a donc plus de Plan. Comme d’ailleurs la plupart des pays développés. Les grandes entreprises n’ont d’ailleurs pas non plus de direction du plan. Mais elles ont toutes, même quand elles sont soumises aux actionnaires les plus exigeants en termes de rentabilité – des directions de la stratégie.

Autrement dit, aujourd’hui les entreprises aux mains de fonds de pensions étrangers se dotent de davantage de moyens pour se projeter dans l’avenir que ne le faisait la France. Censées être aux mains « d’actionnaires obnubilés par les profits de court terme », ces entreprises s’intéressent plus à l’avenir que l’Etat…

Nous n’avons pas su prendre le virage du plan à la stratégie, contrairement à ds pays comme la Grande Bretagne (où la Strategy Unit produit régulièrement des diagnostics stratégiques), le Danemark, qui a lancé un conseil de globalisation présidé par le Premier Ministre ou la Corée dont l’exercice « Corée 2030 » est reconnu comme l’un des plus réussis du genre.

C’est dans ce contexte que le Secrétariat d’Etat à la Prospective vient de lancer France 2025, un exercice de prospective destiné à nous éclairer davantage sur les tendances les plus structurantes, et les différents scénarios d’évolution envisageables à quinze ans.

Ce travail a débuté le 22 avril dernier par une séance de lancement au Centre d’Analyse Stratégique. Un premier état des lieux – limité à des éléments descriptifs sur 2008 – a été publié à cette occasion.

À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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