Quel point commun entre un tremblement de terre, la cassure d’une plaque, un crash boursier, une révolution ou la montée dans l’opinion d’une personnalité politique ? Selon Didier Sornette et alii, ces phénomène ont en commun un changement rapide de régime dans un système auto-organisé (c’est à dire des systèmes composés d’un grand nombre de systèmes ayant leurs règles propres, par exemple une foule composée d’individus ou un marché financier composé d’acheteurs et de vendeurs).
L’analyse de Sornette permet d’expliquer des phénomènes sociaux tels que :
– le fait que les « ruptures » sont moins détectables lorsqu’elles concernent un ensemble homogène (les militants d’un parti) que lorsqu’elles portent sur un ensemble plus hétérogène (une nation). Ainsi, la percée d’OBama au sein de son parti a-t-elle été fulgurante, et pour beaucoup imprévisible. Là où certains ont pu voir dans cette ascension rapide le fruit d’une « bulle », on peut y voir tout simplement la « crystallisation » rapide d’un succès mérité…
– le fait que, dans des milieux hétérogènes, ces ruptures sont généralement précédées de « fissures » ou de « craquements » dont la fréquence d’apparition peut permettre de prévoir un « rupture » plus forte. Pour Sornette, ces « craquements » traduisent une mise en cohérence d’une partie croissante des « micro systèmes ». De la même façon, un crash boursier correspond au moment où un part importante des acteurs partage la même opinion sur la sur-valorisation (par rapport à leur prix) d’un certain nombre d’actions – ces acteurs étant organisés en « grappes » (les traders parlent entre eux, les boursicoteurs aussi,…) ;
– ces « craquements » peuvent être causés par des évènements extérieurs sans rapport avec la source réelle de ce « craquement ». Par exemple, un crash boursier de grande ampleur peut se déclencher à la suite d’une nouvelle en apparence de peu d’importance. Pour cette raison, un système soumis à une forte tension (par exemple, une organisation soumise à des règles incohérentes) est ingouvernable, car toute décision, même si ses conséquences sont positives et même si elle est sans rapport avec les problèmes de fond de l’organisation, peut créer une fracture. Pour prendre un exemple ancien, le rejet de la réforme proposée par De Gaulle sur les régions peut entrer dans cette catégorie (mais il y en a de plus récent…).
Cette analyse rejoint une approche moins scientifique (mais à plus grand succès littéraire), celle de Malcom Gladwell.