Gagner en bourse : actions, obligations, prime de rendement des actions et frais de gestion

Le CAC40 a commencé sa carrière en janvier 1988. Cette indice représente la valeur d’un portefeuille composé des actions qui comptent le plus, selon des règles détaillées sur le site d’Euronext.

Il valait 1000 points le 1er janvier 1988 au matin ; il en valait environ 3200 vendredi dernier à la clôture. Pour avoir une idée du rendement réel du CAC40 depuis cette date, il faut corriger l’indice en incluant les dividendes qui auraient été versés à celui qui aurait « acheté l’indice » début 1988 pour le revendre aujourd’hui. S’il était parti de 1000 euros, il en aurait aujourd’hui un peu plus de 5000, soit un rendement annuel moyen de l’ordre de 8 %.

Pour être totalement réaliste, il faut prendre en compte les frais de gestion : en effet, le CAC40 a évolué au cours du temps. Pour « avoir l’indice » en permanence, il aurait fallu acheter les actions qui y sont entré, et vendre celles qui en sont sorti. Plus généralement, celui qui souhaite acheter un placement promettant le rendement du CAC40 doit acquitter des frais de gestion.

Par exemple, s’il avait investi dans une assurance vie avec des frais d’entrée de 4 % (haut de la fourchette aujourd’hui) sur une durée de 8 ans, et 1 % de frais de gestion annuels, le rendement annuel aurait été de l’ordre de 6,5 %.

Si, au lieu de celà, il avait investi dans des obligations d’Etat (c’est à dire un placement sans risques, et avec peu de frais), il aurait obtenu un rendement légèrement inférieur, de 6,1 % (cf graphique). Notons que si le CAC40 perd encore 6 %, on arrivera au point où posséder des actions et des obligations d’Etat aurait été équivalent pour une personne qui aurait investi depuis 20 ans.

Evolution d’un portefeuille d’action du CAC40 avant et après frais de 1,5 % comparée à un portefeuille d’emprunts d’Etat

On remarquera d’ailleurs qu’à ces prix (ie, le niveau de vendredi dernier moins 6 %, qui correspond au point le plus à droite de la courbe bleue), celui qui revend aujourd’hui se trouve dans une situation où il a forcément perdu s’il a acheté ses actions après le 1er janvier 1988 : il n’existe aucun moment auquel acheter des actions est plus rentable qu’acheter des emprunts d’Etat. On le voit assez facilement sur le graphique ci-dessus : il est impossible de dessiner une ligne débutant sur un point de la courbe rouge, finissant sur le dernier point de la ligne bleue et plus pentue que la ligne bleue (or la pente entre deux points de la ligne rouge représente le rendement entre un achat à la première date et une vente à la seconde).

Faut-il y voir une preuve du fait que les prix atteints vendredi dernier sont très bas ? Oui ! Peut-on en déduire qu’un achat aujourd’hui serait forcément rentable sur le long terme ? Celà dépend en fait de ce que vous pensez être la « prime de rendement action de long terme ». Si vous pensez que sur le long terme les actions ont en moyenne un rendement nettement supérieur aux obligations d’Etat (suffisamment supérieur pour absorber les frais de gestion), il vaut mieux acheter aux moments où les prix semblent bas (en cherchant un produit indexé sur un indice comme le CAC40, et présentant les frais les plus bas possibles), donc la période actuelle peut sembler bonne. Ceci suppose cependant d’être prêt à attendre peut-être un peu pour voir la valeur de son portefeuille dépasser celle des emprunts d’Etat(*) (on voit sur le graphique qu’il existe des périodes longues pendant lesquelles les emprunts d’Etat offrent le meilleur rendement).

Sur ce sujet, je vous invite à lire l’article de Pablo Fernandez, consacré à la mesure des différentes définitions de la prime de rendement des actions.

* : En gardant ces titres jusqu’à leur échéance, afin d’éviter d’être soumis au risque de taux sur la valeur de revente.

À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

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