Je suis toujours intrigué, voir amusé, par la part des articles consacrés aux relations dans les cercles du pouvoir. Qu’il s’agisse de politique ou d’entreprise, combien d’articles ou de livres tournent autour des relations (x connaît y, x fait partie de tel ou tel groupe, réel ou supposé, y s’entend bien avec z mais pas avec x, y et x ont été aperçus ensemble… ), alors que bien peu portent sur les résultats (qu’a fait x dans sa carrière ? quand a-t-il innové ? qu’a-t-il fait de différent de son successeur et de son prédécesseur à son poste ? quel est sa réelle contribution quand on compare les moyens qu’il a mobilisé avec les résultats qu’il a obtenu ?).
Évidemment, savoir « qui connait qui » fait des articles et des livres plus vendeurs et plus faciles à réaliser que d’essayer d’évaluer une contribution personnelle. Il suffit d’une photo volée, d’un organigramme ou d’une liste pour faire un papier. Mais est-il plus important de connaître les « bonnes » personnes, ou de ne pas connaitre les autres, ou bien d’avoir un libre arbitre bien ancré, de l’ouverture d’esprit (généralement liée à la diversité des connaissances) et un attachement aux résultats, quelle que soit la situation et l’environnement ? Voilà des scoops faciles à réaliser !
Or les délits de connaissance ou d’appartenance, de triste mémoire, sont à ranger dans la même catégorie que les délits d’opinion – et les trois sont le ciment du dogmatisme qui voudrait que des personnes différentes ne cotoient que leurs semblables, puisque le simple fait de connaitre une personne suffirait à disqualifier ! J’ai toujours pensé profondément, au contraire, qu’on pouvait travailler avec n’importe qui, dès lors qu’on ne faisait pas n’importe quoi (c’est à dire des choses qui ont du sens, et qui apportent plus à ceux qui vous donnent les moyens d’agir que ce qu’elles ne leur coûtent). Chaque article, chaque livre focalisé de façon excessive sur les relations plutôt que sur le sens et les résultats nous pousse à faire exactement l’inverse…