Ethique, long terme, responsabilité sociale ou comment être moral dans un monde qui ne l’est pas ?

L’Institut de l’Entreprise a engagé une réflexion sur l’entreprise de 2020. C’est une excellente chose, après la réussite des travaux de France 2025, de voir les entreprises lancer à leur tour une réflection sur leurs thèmes d’avenir.

L’une des questions posées par cette réflexion est la suivante : comment faire en sorte que l’entreprise prenne davantage en compte les préoccupations de long terme. Question passionnante, surtout si on l’élargit ainsi : que faire pour développer l’altruisme, ou la « cohésion sociale » au sein d’un groupe (un état, une entreprise, une équipe,…).

Le premier élément de réponse vient de Fukuyama et tient à la structure du groupe concerné (Cf un ancien billet). Les institutions peuvent créer ou détruire la cohésion sociale (cf cet autre billet). La recherche des bonne institutions paraitra un combat théorique et lointain pour certains. A tort. La société construit ses valeurs à partir des « signaux » qu’elle envoye à ses membres. Pour prendre un exemple, toutes les déclaration sur le l’importance du travail ne valent rien si, comme c’était le cas il y a quelques années (c’est moins vrai maintenant même s’il reste du chemin à parcourir) si notre fiscalité pénalise le retour à l’emploi et notre système d’aide aux chômeurs les dissuade parfois de reprendre un emploi. N’en déplaise à ceux qui font profession d’enchainer les déclarations, les paroles s’envolent mais les institutions et les régles restent…

Le deuxième élément de réponse est plus philosophique : pour être plus altruiste, il faut mieux se « connaitre soi-meme ». Ainsi, l’existence de bulles et de récessions est-elle liée à une caractéristique fondamentale de la nature humaine : l’empathie – ie le fait que l’on soit optimiste quand le reste du monde est optimiste, et pessimiste dans le cas inverse. Plus généralement, nous avons tendance à nous conformer au groupe, de façon plus ou moins consciente – comme le montre notamment cet exemple.

L’empathie est une bonne chose pour la cohésion en générale, mais une mauvaise chose dans sa capacité à générer des crises et des dépressions économiques. Un ancien billet rappelle comment les cycles vont et viennent. Il s’agit là d’une littérature économique ancienne.

Une meilleure connaissance de ces phénomènes aiderait à la fois à limiter les excès, mais également à éviter que les crises ne soient traitées avec des remèdes qui empirent le mal. Ainsi, l’analyse de Marx est-elle très intéressante sur certains aspects, mais fausse sur le point le plus souvent repris : la réponse aux conflits de répartition de « fin de cycle » n’est pas une lutte des classe, mais au contraire le développement d’une cohésion qui préparer le cycle d’innovation suivant. La lutte des classe n’a jamais été un moteur d’innovation, au contraire (mais l’ultralibéralisme non plus, du reste).

À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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