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Et si la lutte contre le réchauffement climatique coûtait moins cher que prévu ?

Cela semble de plus en plus évident: on ne peut à la fois lutter contre le changement climatique et promouvoir la croissance et l’emploi. Or le progrès technique et l’innovation permettent au contraire de dépasser cette contradiction apparente.


Par Raphaël Mrejen et Vincent Champain
Publié dans La Tribune le 3/10/2014






La question du changement climatique soulève bien des débats, entre les arguments passionnés et les preuves scientifiques ou les solutions, raisonnables pour certaines et moins pour d’autres. Cependant, deux éléments font l’objet d’un quasi consensus : la réalité du réchauffement et son origine humaine. Ce qui est soumis à une certaine incertitude, ce sont les conséquences de ce changement climatique. Le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) est néanmoins clair sur la nécessité de limiter ce réchauffement à une hausse de deux degrés, sans quoi les conséquences sur le climat seront graves et irréversibles. Reste la question la plus épineuse : comment nous y prendre ?

 Une prise de conscience aux Etats-Unis

En Europe, la prise de conscience est ancienne et l’Union Européenne s’est dotée d’objectifs en matière d’énergie et de climat à l’horizon 2030 ; aux Etats-Unis, les rapports sur le coût de l’inaction se multiplient et  Barack Obama a présenté un Plan d’Action Climat visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre ; dans les pays émergents, les autorités publiques peuvent de moins en moins se détourner d’un sujet qui a un impact direct sur la vie de leur population, comme en Chine où les habitants des grandes villes font l’expérience quotidienne de hauts niveaux de pollution.

 Échec programmé pour le sommet de Paris en 2015?

Pourtant, les limites de telles actions se dessinent. Les contraintes budgétaires que connaissent de nombreux pays exercent une pression négative sur l’investissement innovant. Parallèlement, on constate une accélération des émissions de CO2. Pire, l’intensité du PIB en carbone, qui mesure le niveau d’émission qui accompagne chaque dollar de richesse produite dans le monde, a cessé de diminuer sur la dernière décennie. Dès lors, certains prédisent l’échec du sommet sur le climat à Paris en 2015, censé aboutir sur un accord mondial visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique. La raison de ce pessimisme par d’un postulat : croissance et lutte contre le changement climatique sont irréconciliables. Ainsi, faudrait-il choisir son camp entre les partisans de la décroissance et ceux de l’inaction.

 Progrès technique et transition énergétique ne sont pas antinomiques

Nous avons la conviction inverse : progrès technique et transition énergétique ne sont pas antinomiques. Au contraire, l’innovation – technologique ou comportementale – est le seul moyen permettant d’agir pour l’environnement sans sacrifier l’emploi et le pouvoir d’achat. Souvent méconnues du grand public, des centaines « d’innovations vertes abordables » permettant de réduire les émissions avec des coûts faibles ou nuls ont déjà vu le jour – qu’il s’agisse des deux-roues électriques dont le coût total est inférieur au thermique, des thermostats intelligents ou des équipements réduisant les émissions des centrales, dont certains sont autofinancés en quelques années, pour ne donner que quelques exemples.

 Le coût de l’inaction

Pourtant, le contexte est encore peu propice à ces « innovations vertes abordables ». Il n’y a pas de prix mondial au CO2 : l’innovation requiert des investissements publics mais aussi privés en matière de R&D qui ne seront faits sans incitation. Des besoins nouveaux en infrastructures doivent être satisfaits pour rendre abordable le développement d’énergies nouvelles, ou des mobilités moins riches en carbone. La liste est longue de ces catalyseurs qui, s’ils avaient été réunis, multiplieraient le nombre de ces innovations qui réduiront le coût de la transition climatique.
Or certaines innovations mettent des dizaines d’années à aboutir. De plus, le coût de l’inaction est élevé : plus nous agirons vite, plus nous disposerons d’un éventail large de solutions dans tous les domaines (production et distribution d’énergie, bâtiment, transport,…) et nous abaisserons le surcoût de la transition climatique. C’est pourquoi nous avons décidé d’unir nos efforts dès aujourd’hui au sein de The Transition Through Innovation Global Alliance (mel:contact@ttialliance.org) qui regroupe des experts et des entreprises petites et grandes, de pays riches comme de pays émergents qui ont en commun de vouloir accélérer le développement des « innovations vertes abordables », avec l’appui du conseil en stratégie CVA.
Avec toutes les entreprises qui ont rejoint l’Alliance, et celles qui continuent à le faire, notre but est de favoriser l’éclosion et le développement des « innovations vertes abordables », seules à même d’éviter que nous ne rations le défi technologique le plus important de ce siècle, celui de la lutte contre le réchauffement climatique.
À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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