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Europe de l’énergie : la France et l’Allemagne peuvent montrer la voie.

Publié dans Les Echos le 26/11/2014


Le rapport de l’Observatoire du Long Terme sur les axes d’une politiques énergétique franco-allemande a été réalisé par Thomas Rabier, Jeanne Lubek, Aymeric Petetin, Eric Fromentin du pôle « Energie et ressources » de l’Observatoire du Long Terme. Vous pouvez le retrouver ici.

L’Europe atteint actuellement ses objectifs de réduction des émissions de CO2, mais la faible croissance explique une grande partie de ces résultats. Pour réduire durablement les émissions de CO2, il faut que les acteurs économiques y aient un véritable intérêt, en donnant un coût aux émissions et une valeur aux réductions d’émissions de carbone. Faute d’un système suffisamment clair, stable et incitatif, l’Europe sous-investit dans les technologies permettant de réduire les émissions de carbone à un coût faible. Une erreur qui au final, nous coûtera très cher. Pour éviter cela, l’Europe – comme le reste du monde – devra donc renouveler en profondeur sa stratégie et ses outils. Or cette nécessité se heurte à un contexte économique difficile et à une situation politique moins favorable aux ambitions européennes depuis les dernières élections.
C’est dans ce contexte que les analyses menées par l’Observatoire du Long Terme, pointent l’intérêt de développer « l’espace énergétique franco-allemand ». Certes, les deux pays ont des visions différentes sur certains sujets (nucléaire, charbon) mais ces différences ne devraient pas les empêcher de coopérer davantage sur d’autres domaines de leurs systèmes énergétiques.
France et Allemagne peuvent rendre l’articulation de leurs marchés plus efficaces en travaillant sur la capacité et la flexibilité, pour éviter les coupures. Ou en allant plus loin encore, en créant un mécanisme d’incitation aux technologies telles que le stockage ou l’efficacité énergétique. Il ne s’agit pas ici de dépenser plus, mais de dépenser mieux pour permettre d’obtenir le prix par tonne de CO2 évitée le plus bas.
Les investissements dans les infrastructures pourraient également être mieux coordonnés, afin d’anticiper les futurs écarts entre la demande et les capacités de production, et de réaliser les investissements sur les réseaux qui s’en déduisent. Une coopération permettant « d’échanger » des projets – par exemple un peu de solaire dans le sud de la France contre de l’éolien dans les zones d’Allemagne ayant le plus de vent – permettrait d’avoir plus d’énergie renouvelable pour moins cher. Enfin la sécurisation des ressources (gaz notamment avec la crise Russie/Ukraine) ne doit pas être oubliée, même si la nouvelle commission promet de porter ce sujet à l’échelle européenne.
Ensemble, France et Allemagne pourraient aussi mieux informer leurs citoyens. De nombreuses décisions liées à la transition ont été adoptées sans études scientifiques d’impact ou sans considération des « roadmap technologiques », qui indiquent ce que la technologie pourra et ne pourra pas faire à moyen terme. Or une meilleure connaissance des perspectives d’évolution de ces coûts serait fort utile pour mieux cibler le soutien aux technologies innovantes. Réalisées dans un cadre franco-allemand, ces études seraient moins suspectes de partialité.
Parmi les domaines où, en revanche, il sera toujours difficile voire impossible, de concilier une vision latine de la stratégie industrielle, figure l’« interventionniste » industriel, très éloigné d’une vision anglo-saxonne focalisée sur la compétitivité, excluant les interventions publiques dans la gouvernance ou dans le capital.
Aussi, avant d’envisager un « Airbus » de l’énergie, dont l’idée même est étrangère à nos partenaires Allemands, c’est donc plutôt d’abord à la création d’un « espace énergétique commun » qu’il faut songer. Car si France et Allemagne ne peuvent à eux seuls réduire les émissions de carbone du Monde entier, ce deux pays peuvent, ensemble, orienter l’Europe dans le sens d’une plus grande « carbonefficacité », c’est-à-dire une capacité à réduire les émissions de carbones au plus faible coût possible grâce à l’innovation et une plus grande efficacité de fonctionnement de leurs systèmes énergétiques.
Thomas Rabier, Jeanne Lubek et Eric Fromentin pour le groupe « Energie et ressources » de l’Observatoire du Long Terme (http://www.longterme.org)
À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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