Fin 2011, notre déficit a été réduit,
mais la dette a continué à progresser à 85,8 points de PIB. Compte tenu des
niveaux de croissance attendus dans les années à venir, le déficit devra être
durablement réduit sous la barre des 2,5 % pour ramener la dette à 60 % du PIB.
Or les pays qui ont réduit leurs déficits, ont bénéficié des effets de la
croissance, de l’inflation ou du temps. De 1983 à 1987, la Nouvelle Zélande a
réduit son déficit de plus de 6 points avec près de 6 % d’inflation. De 1993 à
1998, la Suède a réduit ses déficits de 12 points avec plus de 3 % de
croissance. La Belgique a pu réduire sa dette de 25 points, mais sur 10 ans de
1993 à 2004.
publiques ne permet pas de compter sur des contextes aussi favorables, et nos
prélèvements se situant déjà à des niveaux élevés, dont la hausse nous impose
des arbitrages entre pouvoir d’achat à court terme et compétitivité, donc
également pouvoir d’achat, à moyen terme. Il faudra donc freiner les dépenses
avec une ampleur inédite : depuis 50 ans, nous ne sommes parvenus qu’une fois à
obtenir une croissance annuelle en volume inférieure à 1,5 % sur un
quinquennat. Avec une croissance du PIB « prudente » de 2 %, ce rythme
demanderait 10 ans pour annuler un déficit de 5 points.
Eviter une
dégradation de la qualité de service public
deux risques. Le premier risque serait une croissance déprimée par la réduction
des dépenses publiques. Le deuxième risque serait que la pression sur la
dépense se traduise en dégradation de la qualité de service public plutôt qu’en
productivité. Pour éviter ce second risque, un pilotage complexe est
nécessaire. Pour que la pression budgétaire ne réduise pas le champ, la qualité
ou l’accès, il faut commencer par mesurer correctement ces trois dimensions de
la valeur du service public – évaluation encore très insuffisante. Dans
l’idéal, cette question appelle à une solution européenne : pour améliorer les
coûts et la qualité des produits et services marchands, la solution retenue
était le marché unique. Pour les services publics, souvent hors marché, c’est
l’évaluation, la comparaison et l’échange de bonnes pratiques européennes qui
doivent être privilégiés. Une telle comparaison permettrait en outre à la
France de valoriser son modèle basé sur des dépenses élevées (identifiables
dans les séries comptables) et des services à valeur élevée (qu’aucune série
statistique ne valorise actuellement).
Réduire en
priorité les dépenses courantes
la croissance à court terme renvoie à un choix de trajectoire budgétaire : il
suffit pour l’éviter de réduire en priorité les dépenses courantes (surcoûts
d’achats, inefficacités d’organisation, services publics à moindre valeur
ajoutée ou pouvant être distribués de façon moins coûteuse,…), tout en
augmentant temporairement les investissements d’avenir. La réduction du déficit
est alors « lissée » par l’anticipation d’une partie investissements, mais le
déficit peut être réduit très fortement dès lors que la croissance le
permettrait. Il n’y a donc pas de raison macroéconomique pour retarder les
réformes sur les dépenses courantes. Elles doivent être engagées le plus
rapidement possible, car elles mettent plusieurs années à produire leurs
effets. S’il y a un ajustement à réaliser pour épargner la croissance, il faut
le faire en augmentant ou en anticipant des investissements d’avenir !
donc certes plus de rigueur comptable, mais également plus d’attention à la
valeur des services publics et aux investissements de long terme. Car, comme
une entreprise, il y a deux voies pour qu’un Etat fasse faillite : soit en
ignorant ses comptes et en repoussant les réformes, soit au contraire en
réduisant sa stratégie à un objectif comptable, aux détriments de ses clients,
de ses partenaires ou d’une vision de long terme.