Dans « Le grand bouleversement », le philosophe politique Francis Fukuyama a étudié les critères qui font le niveau de cohésion d’une société ou d’un groupe de personnes.
Selon Fukuyama, les groupes les plus favorables à l’existence d’un lien social fort vérifient les critères suivants :
– la taille du groupe : plus il est large, plus il est difficile aux membres du groupe de se coordonner. Le risque de « passagers clandestins », ceux qui cherchent à profiter des bienfaits de l’action collective tout en évitant d’y contribuer, est plus probable dans une collectivité de taille importante où chacun peut se dissimuler derrière l’anonymat, que dans un groupe restreint où chacun se connaît et peut surveiller.
– l’existence d’une frontière claire entre ceux qui font partie du groupe, et ceux qui n’en sont pas : il est difficile de développer ou de maintenir une forte cohésion dans un groupe dont le périmètre est imprécis (qui empêche de savoir qui fait partie du groupe ou de pouvoir contrôler qui entre et qui sort) ou mouvant.
– la fréquence des relations entre membres du groupe : un groupe dans lequel les acteurs ont des relations nombreuses et répétées (et donc une « réputation à conserver » pour les relations à venir) se prête davantage à une forte cohésion qu’un groupe dans lequel les acteurs se rencontrent de façon plus épisodique.
– l’existence de normes communes favorisant une culture commune : cette culture commune crée un langage commun, des règles communes et facilite la compréhension et la coordination au sein du groupe. Les éventuels conflits peuvent se résoudre plus facilement dans un groupe dont les membres partagent la même culture ou les même valeurs, que dans un groupe comportant plusieurs « classes » de culture ou d’objectifs différents.
– le niveau de justice et l’équilibre des rapports de force : il est difficile d’attendre une forte cohésion d’un groupe dans lequel le pouvoir est réparti de façon inégale ou fondé sur des règles inéquitables.
– le niveau de transparence : une transparence aussi forte que possible est préférable dans la mesure où elle permettra d’identifier rapidement les comportements individuels ou collectifs « anti sociaux ».
Une liste qui vaut bien des manuels de management ou de science politique…