Derrière les questions de choix publics se pose souvent la question de l’appartenance à une sensibilité – de gauche ou de droite. Etre de gauche ou de droite ? 40 % des français avouent n’être sympathisant ni de l’une ni l’autre. Pour les autres il faut distingue quatre types d’adhésion :
– l’adhésion à un appareil, qui regroupe ceux qui disposent d’un poste dans l’une des organisations « officielles », c’est à dire un parti politique (UMP,PS,MoDem,PC, LCR, LO,…). On peut compter environ 500.000 mandats politiques, donc sans doutes un peu moins d’élus. Statistiquement, c’est peu : un peu plus de 1 % des français inscrits sur les listes électorales – même si cette catégorie est fortement surreprésentée dans les médias
– l’adhésion à une idéologie, c’est à dire à certaines idées sur la société – qui peuvent aller, selon le bord politique, de l’idée qu’une certaine redistribution est moralement nécessaire, à l’idée que les revenus ne dépendent que du mérite ou que seule la menace de sanctions peut assurer l’ordre social, jusqu’à l’idée selon laquelle le capital peut être taxé sans effet en retour sur l’emploi et l’activité. Il est difficile d’en estimer le nombre, même s’il est probable que les « purs » qui adhérent à 100 % d’une idéologie de droite ou de gauche sont sans doutes peu nombreux (disons, moins de 10 %) ;
– l’adhésion à des personnes », c’est à dire l’attirance pour une personne qui représente l’une ou l’autre des sensibilités. Il y a, tous partis confondu, des personnes de très grande qualité parmi les élus nationaux ou locaux,, comme des personnes de moins grande envergure. Connaitre un bon élu, conduit généralement à adhérer à leur bord politique. Cette adhésion n’est pas forcément exclusive : 20 à 30 % des sympathisans de droite souhaitent ainsi voir des personnalités telles Dominique Strauss-Kahn, Bertrand Delannoe ou Segolène Royal jouer un role important à l’avenir. 50 % à gauche souhaitent la même chose pour Jean-Louis Borloo. D’autres personnes moins connues, telles qu’Eric Woerth, suscitent des commentaires très positifs du camp opposé sur leur action ministérielle ;
– l’adhésion à des objectifs, par exemple en matière d’harmonie sociale (que les jeunes de banlieues puissent vivre avec les même chances que les jeunes bien nés de Neuilly), de liberté civique (PACS,…) ou de correction des aberrations du marché (2). Ou la volonté de voir l’Etat projeter une vision de la société à long terme et coordonner sa mise en œuvre. Ou le souhait de voir la dépense publique être plus (nettement plus) efficace (1), afin d’améliorer notre compétitivité et notre qualité de vie. Cette adhésion est totalement pragmatique : elle se porte moins sur un parti, que sur la personne ou l’équipe qui apparait à un instant donné la mieux à même de résoudre un problème (le chômage, le déficit, le sous-financement des retraites,…). De la même façon que chacun trouve sain qu’une mission difficile soit confiée à la personne la plus compétente pour cette mission, plutôt qu’à celle qui la réclame depuis le plus longtemps ou le plus fort ;
Les querelles de personne, qui constituent une part importante des débats, ne dépassent pas les deux premières définitions. D’ailleurs, la plupart des français les entendent sans les écouter. La dernière conception, la « politique du résultat » revendiquée à droite comme à gauche, prend une part croissante, au point de voir les français adhérer fortement à un gouvernement « d’ouverture ». Pour prendre une image osée, pour la dernière définition de la sympathie politique, « l’ouverture » ne pose pas plus de problème que ne le poserait pour la définition de ce qu’est une boisson le fait de voir un cadre de Pepsi travailler avec un cadre de Coca-Cola pour améliorer la qualité des canettes que tous deux utilisent.
Car la France n’a pas besoin de débats stériles, elle a besoin de rattraper le temps perdu. Pour celà, elle a besoin de compétences – d’où qu’elles viennent. A charge pour les ministres « d’ouverture », s’il s’avèrait qu’ils n’avaient pas les moyens de leur mission, de dénoncer rapidement et publiquement la supercherie.
(1) Ceci étant dit sans pour autant incriminer les fonctionnaires, et surtout pas les agents de base : la responsabilité repose à mon avis entièrement sur les décideurs, les corporations administratives (notamment de la haute fonction publique), et le mode de management trop « politique » des responsables trop préoccupés par l’image immédiate et les annonces, et pas assez des résultats durables.
(2) Par exemple, il existe des éléments convaincants qui tendent à montrer que le niveau de revenu et plus généralement de qualité de vie de chacun est d’abord lié d’abord à la chance, et ensuite seulement au mérite et à l’effort, ce qui justifie de nombreuses corrections.