Un quart du littoral français recule du fait de l’érosion,
et le changement climatique n’améliorera pas les choses. Et, les ports
maritimes et fluviaux-maritimes français, petits et grands, de plaisance et de
croisières, industriels et de pêche, sont concernés à long terme par la montée
du niveau des mers. Comment nous préparons-nous à cette inexorable
tendance? Quelles adaptations décidons-nous de mettre en place ?

Les ports marchands se transforment.
Plus de la moitié de la population mondiale habite à moins
de 60 km des côtes. Les ports occupent une place stratégique sur les
territoires littoraux. Ils sont la porte d’entrée de tout ce qui arrive de la
Mer à la Terre ; à la fois lieux d’échanges et dernier rempart pour la
sureté et la sécurité maritime de nos côtes, les ports retrouveront une place
de première importance.
Véritables poumons économiques des échanges du monde, les
ports du futur deviendront des 
« hubs » d’échanges qui irriguent le pays et exportent les
productions et marchandises. 90% des échanges de la production agro-alimentaire
mondiale passe par le transport maritime. Les grands ports maritimes devront se
moderniser pour rester dans la compétition mondiale : ils seront connectés
aux fleuves et créeront des plateformes multimodales de transports terrestres
en arrière port, pour gérer les ruptures de charges et la distribution des
marchandises sur les territoires. Côté large, les ports accompagneront la
nouvelle industrie offshore de l’éolien marin flottant. Ils seront des bases
arrière de zones de maintenance et de contrôle de ces infrastructures de la
transition énergétique et contribueront à créer de nouveaux métiers liés à la
mer.  

Les ports du futur seront plus résilientes, connectés et utiliseront
les technologies intelligentes
La gestion des infrastructures portuaires est en première
ligne des effets du changement climatique. Comment rendre les ports plus
résilients face à la montée des eaux et aux houles ? La technologie pourra
y aider : les ports du futur seront dotés d’infrastructures et d’ouvrages portuaires
multifonctionnels et intelligents dans une triple fonction de protection,
d’atténuation de la houle et de support de biodiversité marine. La filière de
l’ingénierie côtière et portuaire française, compétitive et reconnue, contribuera
à ce changement pour moderniser nos ports. Les ports du futur seront connectés,
équipés de digues intégrant des capteurs intelligents, de caméras intégrées et
joueront un rôle de systèmes d’alerte et d’enregistreur de données et
d’informations pour la sécurité portuaire et la protection face aux aléas
climatiques. Ils seront capables d’enregistrer la météo des houles et orienter
la gestion d’alerte et de crise.  Les
digues seront non seulement des ouvrages de protection mais aussi des supports
de récifs artificiels le long des quais et des digues pour contribuer à
restaurer la biodiversité côtière en recréant des niches écologiques.  Les ports sont les portes d’entrée sur nos
territoires et peuvent demain jouer un rôle clé dans la sécurité du
territoire. Rêvons de transformer nos ports en outil stratégique au service de
l’intérêt général.

L’économie des ports sera plus circulaire et plus verte
En 2050, les ports du futur fonctionneront dans une économie
plus verte, circulaire et ouverte. Ils seront conçus en énergie positive et
capables de produire et distribuer de l’énergie supplémentaire à des
utilisateurs locaux. Les bateaux de croisière et de transport, seront équipés
entre autre de piles à combustible et les navires du futur seront plus propres.
Les courants de quais permettront aux navires en escale de disposer d’énergie
et ainsi réduire les pollutions dans l’air. L’économie sera plus circulaire pour
la gestion énergétique industrialo-portuaire avec des innovations qui
accélèrent la transition énergétique, la récupération des matières premières et
la valorisation des déchets en nouvelles ressources. Les ports du futur seront
énergétiquement plus autonomes : ils utiliseront l’énergie des mers et
notamment l’énergie du vent marin avec l’éolien flottant et l’énergie thermique
des mers avec son pouvoir calorique, une ressource permanente immédiatement
accessible au droit des ports, pour produire en local l’énergie des
infrastructures portuaires.   Les pompes
à chaleur eau de mer équiperont les ports pour assurer les besoins en chaud et
en froid des activités portuaires et de proximité.
Une relation Ville -Port dynamisée.
La relation Ville – Port devra être repensée : la ville
portuaire est source d’opportunités nouvelles, économique, sociétale et
environnementale. Le port du futur ne sera plus isolé et fermé à côté de la
ville. Les espaces portuaires seront plus ouverts, plus attractifs et dynamiques,
recréant des lieux de vie locale et faciliter les flux de personnes et la
mixité des usages.
La ville et le port seront réconciliés, en décloisonnant et
construisant de nouvelles synergies. La dualité spatiale et monofonctionnelle ville-port
sera abandonnée au profit d’une complémentarité structurée et articulée. Les
architectes et aménageurs décideront de changer de paradigme et passer de la
densité à l’intensité urbaine, afin d’optimiser la gestion des usages et des
espaces portuaires. Les ports du futur seront un lien clé avec le monde, à la
fois plus urbains et plus écologiques.

Marie Christine Huau, Agronome spécialiste Mer &
Littoral
À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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