Taxe sur les robots / interview dans l’Express

Interview dans l’Express
Benoit
Hamon, le candidat du PS, défend la taxation des robots. Une idée également soutenue
par Bill Gates. Cette proposition est-elle saugrenue ?
D’un point de vue
politique, l’idée peut séduire tant le débat sur les destructions d’emplois
liées à l’automatisation et au numérique est dans l’air du temps. On ne peut
pas nier les effets du progrès technologique. Des suppressions de postes ont
lieu, certains y sont plus exposés, et on doit faciliter leur reconversion. Mais
du point de vue économique, taxer les robots serait une erreur aux conséquences
défavorables à l’emploi.
Pourtant
cette taxe permettrait de financer la reconversion des salariés qui ont perdu
leur poste…
Le lien entre
robotisation et chômage n’est pas évident. Nous souffrons d’un chômage de masse
alors que notre industrie a moins de robots que la moyenne des grands pays. Pour
être plus compétitive, la France doit donc accélérer ses investissements
productifs car c’est ainsi que l’on crée les emplois à forte valeur ajoutée qui
évitent la concurrence frontale des pays à bas coûts. Taxer les robots aurait
l’effet inverse.
Mais alors,
que faire ?
Pas ralentir le
progrès ni taxer les profits liés aux robots davantage que ceux liés à des
rentes ! Un ordinateur est un « robot logique » et le
développement du traitement de texte supprime des emplois de secrétaire, faut-il
aussi taxer les ordinateurs et les logiciels ? Taxer l’intelligence des
salariés quand elle permet de produire plus par emploi ? Ce qu’il faut, c’est
des prélèvements clairs et non discriminatoires sur les profits, la
consommation ou la pollution plutôt que les robots ou les salaires. Et investir
sur l’orientation, la formation et tout ce qui favorise l’insertion dans
l’emploi et la productivité !

Propos recueillis par Béatrice Mathieu
À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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