Verra-t-on un effet de la hausse des températures sur la diffusion du virus ?

La question fait encore l’objet de discussions (ici, ici, ici ou ici).

Certaines études basées sur des comparaisons internationales ont identifié un effet, mais comme il est expliqué ci-après ces comparaisons contiennent de nombreux biais. On aurait évidemment souhaité que le retour des beaux jours permettent de trancher cette question, mais on ne voit malheureusement pas encore d’effet évident.

# Update 19/4/2020 : les très faibles chiffres des entrées aux urgences et des décès, s’ils se confirment dans les jours à venir, pourraient enfin apporter des éléments positifs. A suivre…

1) Analyse à partir de comparaisons entre pays

Quand on regarde les pays les plus touchés, on voit que les zones au climat tempéré (Europe, New-York, Seattle,…) semblent plus touchées que les autres (Afrique, Californie,…). Malheureusement ces zones sont aussi celles qui sont entrées les premières dans la pandémie, ce qui complique les comparaisons. Par ailleurs, les pays européens ou les Etats-Unis ont également une espérance de vie, et une part de la population au-dessus de 65 ans (les principales victimes de la pandémie) plus élevées que la moyenne. Enfin, ces pays disposent de systèmes de veille sanitaire et de dispositifs de remontée statistique de meilleure qualité que les pays émergents. Autrement dit, il existe de nombreuses raisons qui peuvent pousser le nombre de cas à la hausse dans ces pays, sans que la température ne soit directement en cause.

Comme on le voit sur le graphique suivant, les pays entrés en pandémie le plus tôt sont en effet dans une même « bande » de température.

Si l’on regarde la même « photo » en incluant les autres pays, et si l’on corrige les différences de démographie en rapportant la mortalité à la population de 65 ans et plus, on peut en déduire que les pays les plus atteints semblent avoir des températures « modérées », et les pays les plus froids ou les plus chauds semblent moins touchés (graphe suivant).

Malheureusement, comme on l’a vu, les pays « tempérés » ont démarré leur pandémie avant : on pourra dans plusieurs mois savoir s’ils doivent leurs difficultés à leur climat, ou au fait d’avoir eu la malchance d’avoir été les premiers concernés.

One ne trouve pas non plus de corrélation significative entre la vitesse de croissance de l’épidémie et la température – certains des pays Européens ayant connu leur « pic », et donc une croissance faible, alors que d’autres pays « chauds » comme le Brésil, l’Inde ou l’Equateur connaissent une croissance forte.

2) Analyse à partir de comparaisons au cours du temps

Avec le retour des beaux jours – notamment le week-end de Pâques – deux phénomènes contraires peuvent avoir influencé les contaminations : si le virus ne supporte pas la chaleur printanière, alors on aurait du voir une baisse des contaminations supérieure à la normale (qui doit baisser compte tenu du confinement). Or l’analyse des contaminations estimées selon le modèle présenté lors des posts précédents ne fait pas apparaître d’inflexion notable depuis le pic correspondant aux périodes de hausse des températures…

Températures à Paris (mars)
Températures à Paris (avril)

S’il y a un effet de la hausse des températures sur le virus, il ne semble donc à ce stade pas être suffisant pour être lisible…

À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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