Le prix du pétrole bat des records, et cette augmentation pèse évidemment lourd sur le budget des ménages à court terme – et ce d’autant plus que l’augmentation est brutale.
Le budget des ménages a-t-il pour autant vocation à être laminé par l’évolution du prix de l’énergie ? Pas forcément, comme l’indique un chiffre intéressant publié par le cabinet Arthur D Little : entre les années 80 et aujourd’hui, la dépense automobile des ménages a baissé de 25 %. Pour que l’on retrouve une dépense comparable à celle des années 80, il faudrait que le prix du pétrole atteigne environ 200 $ (contre 130 à 140 actuellement).
Pourquoi ? Simplement parce près de 72 % des dépenses liées à une automobile ne concernent pas le carburant :
Or les autres éléments du tableau précédent ont connu des gains de productivité suffisant pour absorber, sur longue période, les hausses récentes de l’essence et même plus. Evidemment, la situation est un peu plus délicate pour le consommateur quand il a pendant longtemps bénéficié des baisses de prix des véhicules automobiles liées aux gains de productivité, et que le prix du pétrole augmente rapidement après être resté longtemps relativement modéré !
Ainsi, des gains de productivité de 1 % par an durant 20 ans dans la construction et la réparation automobile permettent d’absorber l’effet sur le budget des ménages d’une hausse du prix du pétrole d’un tiers sur la même période. Et ceci sans compter l’amélioration du rendement des moteurs.
Pour donner un exemple chiffré, si d’ici 2028 la construction et la réparation automobile connaissaient des gains de productivité de 1% par an, et si le rendement des moteurs s’améliorait d’un tiers, alors nous pourrions atteindre un prix du pétrole de 400 $ par baril, sans que le coût de l’automobile ne pèse plus sur le budget des ménages que ce n’était le cas dans les années 80…
Autrement dit, les manifestations récentes pour la baisse du prix du pétrole se trompent de cible : manifester pour renforcer la recherche et l’innovation dans le domaine des transports et de l’utilisation de l’énergie constitue sans doute un moyen aussi efficace, et davantage à notre portée pour effacer l’effet des hausse de prix du pétrole…