Dan Gilbert, chercheur à Harvard, a réalisé un présentation très intéressante sur TED. Il y présente une théorie du « bonheur contraint », ie le fait que la réduction (partielle) de la liberté du consommateur peut augmenter son bien-être. Ces travaux vont à l’opposé d’un principe communément admis en économie, selon lequel le bonheur est une fonction croissante des possibilités de consommation (donc du revenu). Ainsi Dan Gilbert explique-t-il qu’un an après avoir gagné au loto, un gagnant n’est pas sensiblement plus heureux qu’une personne fortement handicapée. Le premier a été fortement heureux au moment de son gain, le second très malheureux. Mais quelques mois plus tard, il n’en resterait, selon Dan Gilbert, pas grand chose en termes de bonheur…
Que peut-on en retenir ? Sans doute que, sans renier l’utilité des outils économiques (il reste utile de mieux connaitre les mécanismes permettant d’augmentation la richesse nationale, et donc les possibilités de consommation), il y a une place pour une « science humaine du bonheur », dont les règles sont fondamentalement différentes de l’économie classique – en effet, les axiomes de base de l’économie ne s’y appliquent pas puisque les individus développent une capacité à « inventer leur bonheur » indépendante de leur situation patrimoniale. Certains pourraient affirmer que, finalement, des cours de philosophie « appliquée » (ie, centrée sur l’enseignement des leviers du bonheur) devraient avoir autant de place à l’école que les cours d’économie…
Les études présentées par Dan Gilbert montrent également que toutes les « richesses » ne se valent pas en termes de bonheur : ainsi, les dépenses permettant de sauver des vies ou de réduire la souffrance valent probablement plus en termes de bonheur que celles qui permettent, par exemple, de passer de son vieux téléphone à un téléphone plus récent…