A titre personnel, je suis plutot partisan de comptes équilibrés, et pense qu’il est absolument nécessaire de veiller à l’équité entre générations. Mais il faut raison garder. D’abord, l’examen des épisodes de désendettement passés est relativement rassurant : peu de défauts, et de nombreux épisodes de réduction progressive. Comme le montre en effet l’excellent article de S. M. A. Abbas, N. Belhocine, A. El-Ganainy et M. Horton, l’écrasante majorité des épisodes de désendettement public s’est faite sans défaut :
Comme le confirme une arithmétique simple, il n’y a pas besoin de faire des choses extraordinaires pour revenir à des niveaux de dette modérés : il suffit d’un point d’inflation supplémentaire sur 25 ans pour ramener la dette de 90 points de PIB à 70 points, et si l’on y ajoute un point de PIB d’effort budgétaire (en plus des efforts normalement prévus pour ramener le deficit au niveau où la dette se stabilise) sur la meme durée, la dette finit à 48 points de PIB…
Car la dette n’est un problème que lorsqu’il n’existe aucune issue pour la rembourser ou si son poids devient insoutenable. Ainsi, une personne disposant du revenu médian français (24.000 euros/an) et qui s’endette sur 30 ans pour acheter une maison à 160.000 euros a au début une dette égale à 666 % de son « PIB » à elle. Des cas comme celui-ci il y en a des centaines de milliers par an sans que celà ne mette en risque le système bancaire !
Le problème ne se pose que si la personne en question se met à trop dépenser (et n’a plus assez d’argent pour rembourser ses mensualités), ou si son revenu n’augmente pas assez par rapport au niveau de la dette (ce qui revient à dire que l’inflation n’est pas suffisante). Mais tant que la maison est solide, la dette n’est pas une soucis, dès lors que chacun est convaincu qu’elle se place sur un chemin de maîtrise crédible et juste, notamment vis-à-vis des générations futures.