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Climat : l’innovation sauvera-t-elle le monde ?

Article paru le 22 septembre 2014 dans Les Echos

L’urgence de lutter contre le changement climatique s’impose à tous : selon le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, les atteintes au climat seront graves et irréversibles au-delà d’un seuil de 2 degrés supplémentaires. En Europe, la prise de conscience est ancienne et fait l’objet d’une nouvelle stratégie à horizon 2030. Aux Etats-Unis, le président a proposé une réglementation fédérale sur la pollution des centrales, tandis qu’un rapport insiste sur le coût de tarder à agir contre le changement climatique. Les émergents ne sont pas en reste : la Chine est l’un des pays dont les citoyens sont les plus concernés par leur environnement.
Néanmoins, en pratique, les politiques mises en place atteignent leurs limites. En Europe, malgré les réformes, le prix des droits d’émission carbone reste trop bas pour stimuler l’investissement innovant. Le développement des énergies renouvelables a subi des infléchissements significatifs induits par l’impératif de réduction des déficits publics. L’intensité en carbone de l’énergie a cessé de baisser selon l’Agence internationale de l’énergie : avec la reprise économique, la demande d’énergie mondiale accélérera et avec elle les émissions de CO2.
C’est dans ce contexte qu’aura lieu le sommet sur le climat à Paris en 2015. Les optimistes en attendent un accord large pour lutter contre le réchauffement. Les pessimistes craignent que les engagements concrets des Etats restent insuffisants, chacun voulant en minimiser l’impact sur son économie. Certains en déduiront que seule la décroissance réduira les émissions et « sauvera le monde ». La réalité est inverse : progrès industriel, croissance et lutte contre le réchauffement sont complémentaires. C’est l’innovation, technologique ou comportementale, qui a permis d’améliorer les conditions de vie sans hausse de chômage ni perte de pouvoir d’achat.
Les entreprises, start-up ou multinationales ont déjà imaginé des centaines d’innovations de toutes les tailles et dans tous les secteurs, pour réduire les émissions à des coûts modestes – parfois même avec un profit. Il reste néanmoins nécessaire de réunir les conditions propices à l’éclosion et à la diffusion mondiale de telles innovations. Ainsi, personne n’investira dans des projets qui réduisent le CO2 émis si celui-ci n’a pas un prix stable, mondial et incitatif. Certaines innovations nécessitent des décisions d’infrastructures : la mobilité au gaz émet sans coûter plus, mais elle ne se développera pas sans un réseau de stations. Les freins au commerce de produits verts réduiront leur diffusion dans le monde.
De plus, développer ces innovations prendra du temps. Il faut donc agir vite : pour que la transition climatique se fasse avec des surcoûts acceptables, il faut que nous disposions à temps des technologies nécessaires. Conscients de cette urgence, avec les nombreuses entreprises qui nous ont déjà rejoints et toutes celles qui nous rejoindront, nous avons décidé d’unir nos efforts. The Transition Through Innovation Global Alliance s’attachera à promouvoir le rôle de l’innovation dans la transition climatique sur la base d’un rapport factuel et précis rendu public fin 2014. Avec les entreprises de l’Alliance et celles qui nous rejoindront, nous allons étudier les conditions nécessaires à la diffusion mondiale de ces technologies et y sensibiliser les Etats du monde entier. Car nous sommes convaincus que, si l’innovation n’est pas au rendez-vous, la lutte contre le réchauffement climatique échouera.
Vincent Champain (Observatoire du long terme), Joel Poher (Corporate Value Associates), Bruno Fuchs (Image et Stratégie), Stéphane Harrouch (Edelman) et toutes les entreprises de The Transition Through Innovation Alliance 


À propos

Dédié à l'analyse des questions économiques, sociales et environnementales de long terme, L'Observatoire du Long Terme se fixe pour objectif de donner davantage de visibilité à ces enjeux dans le débat public. Dans ce contexte, il donne la parole à des contributeurs variés, avec pour seul critère le caractère étayé des arguments présentés.

L'Observatoire est indépendant, ne reçoit aucune aide financière et repose sur le volontariat de ses contributeurs, de son bureau, présidé par Vincent Champain et Bruno Fuchs.

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